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LÉGENDES BRUXELLOISES

Longtemps il avait combattu : en France, en Hollande, dans notre pays même. En effet, il avait souvent lutté contre ses sujets, quitte à pleurer sur ceux d'entre eux qui étaient morts. Hélas ! le temps arrivait où, prince ou manant, l'homme, au lieu de regarder l'avenir, songe au passé, examine sa vie, scrute ses actions d'antan. Et Philippe, le plus célèbre seigneur des contrées d'Occident, regardait en arrière et souffrait.

L'époque n'était plus où la cour ducale éblouissait les yeux par son luxe fastueux ; où la corruption y régnait sans partage ; où l'argent était dieu ; où les spectacles magnifiques, les tournois et les jeux faisaient l'unique occupation des seigneurs. Les jours étaient passés où les bourgeois, suivants l'exemple de la noblesse merveilleuse ; où le peuple lui-même était entraîné dans le tourbillon général.

Aujourd'hui, plus de fêtes, plus de joie. Mais la femme du duc éloignée de la cour ; mais le fils du duc brouillé avec son père à cause de l'attachement que ce dernier montrait à la noble famille des Croy et parce qu'il avait recueilli le Dauphin de France, depuis Louis XI, « le renard qui devait dévorer ses poules ».

Ah ! le grand duc d'Occident avait beau recevoir à sa cour l'ambassade des princes asiatiques, lui