Cependant, calme toujours et toujours souriant, trônant au milieu des fleurs, Manneken-Pis, heureux comme un prince adoré de ses sujets, accomplissait sa joviale besogne.
Qu’il l’accomplisse toujours !…
Telle est la véridique histoire de celui que ses compatriotes ont surnommé le plus ancien bourgeois de la ville.
Quel sort a été le sien !
Un grand sculpteur, un de ceux à qui le pays s’honore d’avoir donné le jour, le coula en bronze. L’électeur Maximilien enrichit sa garde-robe ; le roi Louis XV l’anoblit et le créa chevalier de Saint-Louis ; Napoléon Ier le fit chambellan. Des poètes l’ont chanté ; de riches bourgeois lui ont constitué des rentes : vers 1822, une dame de Bruxelles lui légua mille florins. Il possède huit habits de grand gala ; on l’habille avec magnificence le jour de la Fête-Dieu et le jour de la kermesse de Bruxelles : il a eu un valet de chambre payé pour l’habiller[1]. Ses revenus sont considérables et
- ↑ Manneken-Pis n’est pas la seule statue de Bruxelles que l’on habillait les jours de grande fête. Il en était de même pour celle de Saint-Christophe à qui l’électeur de Bavière donna en 1698 un riche