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la garçonne

noire ? J’habite maintenant sur la rive gauche, rue Vaneau. Mes trois fenêtres ouvrent sur le parc des Missions Étrangères…

Mais je suis toujours près de me réveiller dans la souffrance. Il faut si peu pour que mon désespoir revienne… Ah ! ne plus penser… Il paraît qu’on se console, ou au moins qu’on s’habitue à son mal, à tous les maux. Être encore heureuse, un jour ? Cela pourrait-il être ? je ne l’imagine pas…

Votre reconnaissante.

Monique.


Monique Lerbier à Mme Ambrat.
22 novembre.
Chère madame,

Ce que je deviens ? Une bien pauvre chose, mal résignée à son sort. Merci de vos bonnes paroles. Hélas ! je ne me consolerai jamais… J’avais placé mon idéal si haut que n’y pouvant atteindre, je n’ai plus maintenant qu’à descendre assez bas pour ne plus jamais l’apercevoir… Peut-être alors m’habituerai-je à n’y plus penser. Je vis en attendant, comme une malade se soigne, sans goût d’entreprendre, ni d’espérer…

Pourtant je sens bien que c’est dans le travail, et dans le travail seul que je trouverai un allégement au boulet que je traîne !… Peut-être vais-je donc essayer de revenir, avec plus de continuité, à mes essais d’autrefois… Vous vous souvenez peut-être des petites compositions auxquelles je m’amusais, du