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Page:Victor Margueritte - La Garçonne, 1922.djvu/140

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la garçonne

tournant vers Briscot : « Tu viens, vieux ?… Mesdames… » il exécuta, majestueusement, sa sortie.

Monique leva les yeux au ciel et Niquette s’écria :

— Est-il beau, l’animal !

— Dans son genre…

Niquette, dextrement, le déchiquetait :

— L’orgueil, à ce point-là. Attends que je l’annonce : « Messieurs, l’Empereur ! » Il entre, et défait son cache-nez : on dirait qu’il enlève le grand cordon !… Il arpente le plateau… Pan, tous les acteurs à plat ventre !… Car auprès de lui, Antoine, Gémier, Guitry, de la gnognotte !… Aah ! Il a rugi : les décors tremblent, et l’auteur s’est évanoui… Avec ça, rigolo, s’il jouait au Music-Hall… Mais Briscot le mettrait encore dans sa poche…

— Il est gentil, Briscot ! murmura Monique.

Elle lui était reconnaissante de son entremise. La pièce de Perfeuil, bien présentée, pouvait être une réclame utile. Travail intéressant en tout cas. Elle songeait, amusée, à leur soirée achevée autour de quelques douzaines d’huîtres et d’une bouteille de champagne, au Prieuré…

Les deux grandes vedettes, à la prière publique, avaient chaloupé une de leurs anciennes valses. Le restaurant n’avait jamais connu pareil enthousiasme. Les étrangers, debout sur leurs chaises, acclamaient avec frénésie la gloire de Paris, à travers ces célébrités mondiales… Monique, ayant avoué en plaisantant son infidélité à Niquette, celle-ci l’avait prise en riant. Même, avec quelques gouttes du verre de Briscot, de son doigt mouillé, elle les avait baptisés, derrière l’oreille. Et, je-m’en-fichiste, elle leur avait donné sa bénédiction en ajoutant :