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la garçonne

La Vierge Folle, introduction à la Marche Nuptiale, musique d’Henry Bataille !

— Et après ? La virginité, chère aux anciens acheteurs d’épouses, ne me semble pas avoir plus d’importance qu’une dent de lait ! Et la superstition que certains y attachent m’apparaît plutôt comme une sorte de sadisme, que comme une preuve d’intelligence. Je suis du parti de Stendhal, pour qui « le pucelage est la source des vices et des malheurs qui suivent nos mariages actuels ! »

Boisselot nargua :

— Je ne m’étonne plus de votre indulgence pour les bolchevistes ! Le communisme en amour, c’est une opinion.

Blanchet haussa les épaules :

— Il n’est pas question de communisme, mais simplement d’étendre aux jeunes filles notre droit à la liberté, et au choix. Il est absurde de les condamner par milliers à l’abstinence, quand nous vouons, au supplice du plaisir forcé, la morne foule des filles publiques. C’est le célibat des vierges qui enfle le nombre des prostituées. Sans compter qu’à l’heure où la natalité baisse…

— Ma foi, conclut Mme Ambrat, on ne fera jamais trop d’enfants. Vive la vie !

Régis allait répondre, quand il surprit le regard de Blanchet posé sur Monique. En même temps celle-ci levait les yeux. Elle approuvait d’un signe de tête, mais elle acquiesçait de tout l’être. Alors il se dressa, l’air si furieux dans sa barbe rousse, que Mme Ambrat sursauta, comme si un diable avait surgi d’une boîte.

— Vous m’avez fait peur ! plaisanta-t-elle.