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la garçonne

parable de celui du monde ? La frontière du Rhin ou bien la Paix, gagée sur un emprunt de liquidation internationale ? La paix, c’est-à-dire le travail universel, l’Europe solidaire !

— Beau rêve !

— Il suffit de le vouloir. Pas de progrès, sans la croyance au progrès !

La porte du salon, à ce moment, s’ouvrit. C’était Riri, qui, trouvant ces discours et le déjeuner longs, avait, avec la permission Mme Ambrat, quitté la table en emportant son dessert, et qui jouait à la maîtresse de cérémonie :

— Messieurs, Mesdames, le café est servi !

Et sautant sur place, elle battit des mains, en éclatant de rire.

— Que je t’attrape ! dit Monique.

Mais, s’amusant à avoir peur, l’enfant courait autour du salon et, près d’être atteinte, cherchait une protection. Elle se jeta, avec des cris heureux, dans les jambes de Blanchet.

Mme Ambrat sourit :

— Finis, tu ennuies ton oncle Georges !

Il la retint, lui caressa les cheveux. Vieux garçon, et sans famille qu’il aimât, il trouvait une douceur au foyer de ses amis, à cette parenté choisie.

— Oh ! pardon, fit-il en prenant la tasse de café que Monique lui tendait… merci.

— C’est sucré… Vos trois morceaux !

— Oh ! s’écria Riri, il est trop gourmand !

Mme Ambrat la gronda, pour la forme, mais ils rirent, tous les quatre. Il faisait bon dans la pièce claire. Le feu pétillait sur les chenets. Le soleil hivernal, dehors, dorait les arbres nus, la tonnelle que