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la garçonne

moins brutaux, accéléra ses coups. La tête enfouie dans le parfum des cheveux, il ne voyait pas les grosses larmes qui coulaient sur le visage supplicié. Soudain, comme la douleur était trop forte, elle le rejeta d’un effort si brusque qu’il lâcha prise, en jurant… « Juste au bon moment !… »

Il était debout près du lit, ne sachant quelle contenance tenir. Sa fatuité, son désir à la fois satisfait et raté cédaient à une inquiétude obscure. Monique s’était levée d’un mouvement irrésistible. Il ne sut que balbutier, devant cette face hagarde, des phrases sans suite.

Elle se rhabillait, avec une hâte machinale. Un silence tragique entre eux pesa, que ni ses essais de conversation, ni ses offres de la reconduire ne parvenaient à chasser. Brusquement, comme l’orage crève, elle se mit à pleurer, convulsive. Les larmes frappèrent, émurent l’homme. Elles coulaient intarissablement, à gros sanglots. Quand ceux-ci furent calmés, elles coulaient toujours, sur la face muette.

Il s’affola, mais n’obtint qu’un « Laissez-moi ! » et qu’un « Adieu ». Elle avait tiré la porte sur elle, avec un air si glacial, une décision si formelle qu’il ne tenta pas de la suivre. Il ébaucha, ennuyé, un « Après tout ! » et rêveur alluma une cigarette, dispersa, philosophiquement, la fumée… Un souvenir de plus !

Monique, en rentrant, trouvait de la lumière dans l’antichambre. Sa mère venait d’arriver et, trouvant