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Mais les nuages se tassaient, l’eau tomba abondamment, et Saint-Rémont regretta d’avoir conseillé à la jeune femme de s’abriter sous le feuillage avec l’enfant.

Elle ne se plaignait pas, cependant, un peu consternée de n’avoir pas songé à se munir d’un parapluie. Un moment elle reçut une gouttelette dans le cou, et la surprise de cette fraîcheur chatouilleuse entre les épaules lui fit relever la tête.

Elle eut un rire là-dessus. Puis l’eau crevant la feuillée, en minces rigoles, on ne sut où se mettre.

— Le plus simple encore, dit le jeune homme, serait de prendre ses jambes à son cou, et de gagner les boutiques en traversant la rue, en droite ligne.

— Oui, mais la petite ?

— Je m’en charge.

Mme  Vintéjoux ramassa ses jupes et, bravement, courut devant, sans fausse honte pour les mollets qu’elle découvrait.

L’orage redoublant de violence, elle dut s’arrêter sous un second arbre, essoufflée.

— Ah ! zut ! C’est impatientant à la fin, s’écria-t-elle, d’un ton fâché.

La pluie lui avait fouetté la face et les épaules, dérangé ses cheveux sur son front ; malgré tout, son mécompte ne lui donnait aucune mauvaise humeur ; elle avait même sur les lèvres un joli sourire narquois en voyant sa fillette portée par Edmond.

— Elle doit vous casser le bras ! Mettez-là à terre ; entre nous deux elle sera mieux garantie. Ah ! la pauvre chérie ! Eh bien, nous sommes gentils, vrai !

Elle lui ôta le mouchoir de batiste mis sur sa tête au début et qui, tout mouillé, collait à sa joue.