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vrait un fond de ciel olive, le marbre vert d’un Lancret ébauché au-dessus de Paris.

— Oui, c’est fini ! répliqua Edmond en admirant la ligne serpentine du front à la nuque, qu’offrait Mme Vintéjoux en levant la tête.

Il fut presque déçu de voir l’orage terminer soudainement. Il accompagna Valentine, un peu, dans la rue de Rivoli ; et quand il l’eut quittée, un regret inavoué le taquina, le regret de n’avoir pas osé… L’accord était tacite, il n’aurait eu qu’à parler, il obtenait un rendez-vous. L’enfant le retint sur cette pente ; peut-être aussi un grand fond d’honnête pudeur, de préjugé naïf : la femme d’un ami !

Les cinq fois précédentes qu’il vit Mme Vintéjoux, elle ne lui inspira aucune tentation ; il avait fallu le hasard, ce tête-à-tête sous l’arbre, le contact presque obligé, l’attouchement des yeux ; mais aussi les indices visibles, chez Valentine, d’une défaillance particulière.

L’occasion ne se retrouverait pas, heureusement. Il manqua de présence d’esprit. Ces sensations n’ont pas de lendemain. Et il s’en félicita.

Seulement il gardait à part soi un levain de mésestime et de l’étonnement pour cette femme qui, un instant, figura à ses yeux l’épouse aimée d’un intérieur comme il le rêvait.

Cette jeune femme si tranquille, d’allure si reposée, avait aussi l’erreur des sens qui livre à un étranger la vertu du foyer, le calme de la conscience, de même qu’un enfant fatigué d’un joujou silencieux, cède au bruit, prend un nouveau plaisir à briser quelque chose de beau, à salir quelque chose de propre.

Saint-Rémont constatait le rôle ingrat du mari. S’il était,