Aller au contenu

Page:Vidal de la Blache - Tableau de la geographie de la France, 1908.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est entre le rivage de la mer du Nord et le cours de l’Escaut jusqu’à ses embouchures, qui s’est fixé le nom historique de Flandres. La structure de la contrée est celle d’un bassin : mais le sol présente des différences, et l’aspect change, suivant que le limon, les sables ou les alluvions y dominent.


IV SOL DES FLANDRES

L’argile est le sous-sol commun et caractéristique des Flandres. Conformément à la pente générale de la contrée, elle s’incline vers le Nord ; mais la pente des couches géologiques est plus forte que celle de la surface. Aussi, à mesure que l'argile plonge en profondeur, les formations ultérieures, en couches sableuses de plus en plus épaisses, prennent possession de la superficie. De là une différence de fertilité naturelle entre le Sud et le Nord. Lorsqu’on a dépassé vers le Nord Ypres et Courtrai, le sol s’amaigrit. Ce n’est qu’au prix d’un travail immense qu’on est parvenu à l’amender en partie en ramenant à la surface, pour les mélanger au sable du sol, le sable argileux ou l’argile des couches sous-jacentes. Si le pays de Waës, entre Gand et Anvers, fait aujourd’hui l’effet d’un grand et populeux verger où partout les fermes en briques brillent entre les haies d’arbres, c’est une transformation, fruit d’un travail séculaire. Sans l’effort obstiné d’une race phlegmatique et patiente, ce maigre sol serait une lande, continuation de la Campine. Encore n’est-on pas parvenu à modifier partout la stérilité naturelle. La triste plaine de bois du pins et de bruyères qui s’étend entre Thourout, Eecloo et Bruges, garde l’image primitive. Et pourtant ce pays stérile fut le véritable berceau des Flandres : indice à noter des conditions artificielles qui ont présidé à la formation de cette contrée historique.


V RELIEF DES FLANDRES

On pourrait s’attendre à ce que l’affleurement successif de couches diverses eût engendré dans la topographie une série de gradins, comme c’est le cas dans le Bassin de Paris. Mais ici ce sont des sables n’offrant qu’une faible résistance, que ramène à la surface l’ordre chronologique des formations. Facilement dispersés, ce n’est que sous forme de lambeaux ou témoins qu’ils se présentent. Il y en a assez pourtant pour accidenter le sol. Au-dessus de la grande plaine maritime et des dépressions déblayées par le passage des principales eaux intérieures, la Flandre se présente comme un pays de monticules et de collines, plus varié qu’on ne le croit. Çà et là, mais surtout aux environs de Tournai, au Sud d’Ypres, à Cassel, des silhouettes de taupinières isolées ou de minces rangées de collines se proposent à l’attention. Leurs flancs, parfois rougis par des carrières de sable, montent entre les haies et de petits bois, jusqu’à des cimes de 150 à 160 mètres, suffisantes pour découvrir un large horizon. Celui du mont Saint-Aubert près de Tournai, celui de Cassel sont célèbres. Le dernier surtout a suscité