Aller au contenu

Page:Vidal de la Blache - Tableau de la geographie de la France, 1908.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se frayer une voie à travers les roches blanches et tendres qui forment comme une architecture naturelle sur ses bords. Au point où elle s’achève dans la Seine, l’imposante masse de l’Hautie, avec ses rangées étagées de villages, se superpose à la plate-forme calcaire, et ferme dignement le cirque de la dépression parisienne.

Le Vexin déroule à l’Ouest de l’Oise ses grandes plates-formes calcaires où courait la voie romaine vers Rouen. Elles sont surmontées, çà et là, comme la plaine parisienne, de quelques monticules sableux. La convexité du plateau porte de grandes fermes, et de loin en loin des villages agglomérés, cernés d’arbres. Ceci rappellerait la Picardie ; mais la roche étant plus solide, le relief est plus net : presque plat dans les parties hautes, assez abrupt dans les vallées. C’est par un talus rectiligne formant terrasse, que le Vexin domine les mamelonnements verdoyants de la Thelle et du Bray. A l’Est, c’est par des rampes raides qu’il fait front sur l’Oise. Mais les argiles qui servent de soubassement au calcaire entretiennent à sa base une fraîche végétation : le limon des plateaux a coulé par-dessus les épaules des vallées en couches assez épaisses pour que l’usage d’y creuser des caves y soit général. Enfin surtout le calcaire se prête admirablement à la construction. De ses entrailles sont sortis ces tours et ces clochers qui signalent le moindre village. Ces conditions ont fait naître une des lignes d’établissements les plus nettes et les plus remarquables de la région parisienne : celle qui, par Valmondois, Pontoise, Jouy-le-Moûtier, Andrésy, s’est emparée du bord de la rampe calcaire. Là se succèdent, en disposition linéaire, châteaux, forteresses, églises, et ces riches villages qui, par des rampes ou des gradins taillés dans la pierre, descendent vers des vergers. Notons ce fait caractéristique. C’est sur les contours toujours nets du calcaire marin qu’ont pris position les plus anciens camps, les plus vieilles villes, souvent les plus beaux édifices ; les sites de Pontoise, Clermont, Saint-Leu-d’Esserent, Luzarches, en sont des exemples ; comme aussi ce castrum de la rive gauche de la Seine qui s’élevait sur la butte Sainte-Geneviève et dominait la petite Lutèce insulaire.



IV. — SABLES, GRÈS ET FORÊTS AU SUD DE LA SEINE

TANDIS qu’au Nord de la Seine ce sont généralement les couches les plus anciennes (éocènes) des formations tertiaires qui occupent la surface, ce sont au contraire, sur la rive gauche, des couches plus récentes qui graduellement prennent la prépondérance. Aux calcaires de Brie, qui ne tardent pas à disparaître, se substituent, vers la Ferté-Aleps, Arpajon, Montlhéry, les sables de Fontainebleau surmontés des calcaires de Beauce. Une autre topographie, d’éléments plus simples, s’introduit avec eux.

Le calcaire de Beauce s’était déjà montré, mais par petits lambeaux, au Nord de la Seine. Au sommet du mont Pagnotte qui, vers Pont-Sainte--