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Page:Vidal de la Blache - Tableau de la geographie de la France, 1908.djvu/33

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et le Morvan (Bourgogne), entre le Limousin et l’Armorique (Poitou), séparent les anciens massifs.

Si remarquables dans l’économie générale de la contrée, ces seuils ne sont en réalité que les parties surbaissées de rides souterraines qui rattachent ici les granits des Vosges à ceux du Morvan, là ceux du Massif central à ceux de la Gâtine vendéenne. Les dépôts sédimentaires qui les recouvrent dissimulent cette connexion, que trahissent seulement, en Bourgogne comme en Poitou, quelques pointements isolés au fond des vallées. Il aurait suffi que l’érosion, qui sur tant d’autres points a débarrassé les terrains primitifs de leur couverture sédimentaire, poussât un peu plus avant son œuvre pour que la liaison granitique qui existe souterrainement se poursuivît au grand jour. Qu’en serait-il résulté pour les communications, privées de la facilité que les dépôts calcaires ménagent à la circulation ? Sans doute les relations entre les hommes seraient devenues plus malaisées. Peut-être les voies du commerce eussent-elles pris d’autres directions. Assurément les séparations seraient restées plus fortes entre le Nord et le Sud. Cela n’a pas eu lieu ; et l’on voit ainsi comment une circonstance, qu’on peut qualifier de secondaire au point de vue de l’évolution géologique, est devenue capitale au point de vue de la géographie humaine.

Mais une réflexion doit nous retenir de pousser plus loin. Les rapports dont il vient d’être parlé supposent dans une région un certain degré de vie générale. Or, comment naît et s’éveille une vie générale, c’est ce que nous n’avons pas examiné encore. Nous sommes amenés à cette question.