Page:Vidalenc - William Morris.djvu/114

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prédilection pour l’Islande correspondait à ses vraies aspirations. Il n’a pas en effet le génie harmonieusement équilibré, limpide et classique d’un Latin, son évocation de l’antiquité n’est qu’une vision médiévale, il n’a pas non plus d’un Germain la minutieuse précision ou le goût de la métaphysique et des systèmes; parmi les Anglo-Saxons il occupe même une place à part car il est plutôt du Nord par sa robustesse physique, comme par sa belle santé morale et l’idéalisme mystique de son œuvre; non point du Nord puritain et solennel mais d’un Nord plus affiné, plus nuancé, plus sympathique parce que plus humain. Il y avait en lui quelque chose de la douceur énigmatique de l’âme des Scandinaves en même temps que des instincts hardis de Viking. Rêveur et mystique, il se qualifiait lui-même :

The idle singer of an empty day

ce qui ne l’empêchait pas de se jeter à corps perdu dans la mêlée sociale et de s’y révéler merveilleux organisateur.