Page:Vidalenc - William Morris.djvu/20

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somme de 125.000 francs pour fonder une chaire d’enseignement du dessin, fit des dons considérables en argent et en objets d’art à divers musées : Cambridge, Shefiield, etc., ouvrit une boutique d’épicerie dans le quartier de Paddington à Londres pour fournir aux ouvriers des aliments sains et à prix réduits, et alla même jusqu’à payer une équipe de balayeurs pour nettoyer les rues de Londres.

Mais si sa propagande artistique avait soulevé l’enthousiasme, ses essais de rénovation sociale comme la Guilde de Saint-Georges avortèrent piteusement. Et malgré la faveur du public lettré, malgré sa popularité dans les milieux plus humbles, malgré les applaudissements presque unanimes qui saluaient chacun de ses nouveaux livres et lui assuraient une renommée mondiale, Ruskin dut se demander bien des fois, et non sans quelque mélancolie, s’il était bien compris et s’il serait suivi, si dans son œuvre on verrait autre chose que littérature et dilettantisme (deux choses qu’il abominait) et s’il resterait de toute sa prédication autre chose qu’un snobisme prétentieux à l’égard des choses d’art, plus dangereux que l’ignorance d’autrefois. Il pouvait le craindre en voyant les étudiants qui se pressaient nombreux à ses conférences d’Oxford, se désintéresser complètement des expériences et des travaux pratiques qu’il leur conseillait, et en voyant aussi combien ses amis politiques faisaient peu de cas de ses suggestions qu’ils qualifiaient volontiers de folies.

Il n’en était rien cependant. Le mouvement dont il