Page:Vidalenc - William Morris.djvu/203

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nous l’essor des arts appliqués : la concurrence étrangère. Nos artisans ont été distancés par l’effort des autres nations et il est à craindre pour eux ou le découragement, ou l’imitation stérile des modes étrangères. Des expositions récentes nous ont révélé l’avance qu’avaient prise les Allemands, et nous ont montré la nécessité de faire notre examen de conscience, de savoir quelle était exactement la situation de la France par rapport à ses concurrents étrangers. Le renom de bon goût et d’élégance qu’avaient jadis nos produits leur appartient-il toujours sans conteste, ou au contraire sommes-nous en état d’infériorité dans la lutte industrielle et artistique ? On avait songé à s’en assurer en organisant à Paris, en 1916 ou 1917 une Exposition internationale des Arts Décoratifs, mais l’affirmation catégorique et presque unanime que nos artisans ne seraient jamais prêts, que c’était aller à un échec a fait échouer le projet. C’est à nos yeux une raison de plus pour réagir promptement.

Nous savons qu’il existe déjà dans ce pays un nombre considérable d’amateurs éclairés ou simplement d’hommes de goût, que ne satisfont pas les imitations des styles d’autrefois ; il s’agit maintenant d’atteindre la masse du grand public souvent indifférent, mais on ne le pourra faire que si nos artisans démocratisent vraiment leur tentative. Nous n’ignorons pas tous les efforts accomplis en ce sens, depuis le mouvement en faveur des habitations à bon marché qui se propose de soustraire l’artisan à la promiscuité des grandes bâtisses des quartiers pauvres, jusqu’au concours de mobiliers à bon marché