Page:Vidalenc - William Morris.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tendons pas qu’elle marque un aboutissement, une réussite définitive. Plus fécond est son exemple puisqu’il nous a appris qu’il n’est guère de métier qui ne soit susceptible de perfectionnement artistique. Ce que Morris a fait pour la tapisserie, pour le vitrail, pour l’imprimerie, d’autres l’ont pu ou le pourront tenter pour la céramique, la ferronnerie, l’ameublement, etc.. suivant le magnifique programme du maître : « Ne négliger aucun objet susceptible de se parer de beauté. »

Il nous apparaît que la France, plus qu’aucune autre nation, peut et doit profiter de cet enseignement de Morris et recueillir ses idées. Dans le passé nos artisans avaient une réputation d’habileté, de bon goût, de conscience dans le travail, qui assurait aux produits de notre industrie une situation exceptionnelle sur les marchés internationaux ; la France était réputée la terre classique des bons ouvriers et des belles œuvres ; si pour l’importance de nos productions, la quantité de tonnes de houille et d’acier sortant chaque année de nos mines ou de nos usines, nous étions une puissance de second ordre, il nous restait la supériorité du bon goût, du fini, de l’élégance, et à cet égard, nous avions exercé une domination ininterrompue et sans conteste depuis Louis XIV.

Le XIXe siècle vit la fin de cette suprématie ; une à une les nations s’affranchissaient de notre tutelle artistique. Déjà en 1851 Léon de Laborde avait signalé l’insuffisance manifeste de toutes les grandes nations civilisées, sans en excepter la France, dans le domaine de l’art décoratif. Alors que la plupart des critiques se bor-