Page:Vidalenc - William Morris.djvu/99

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fraîcheur : quatre figures de jeunes filles, drapées dans de longues robes aux couleurs vives, aux plis larges et harmonieux tiennent une banderole où court une inscription en caractères gothiques. Elles ont la radieuse sveltesse, la délicatesse pensive des anges de Botticelli, de Filippo Lippi ou de Piero della Francesca. Le fond d’arbres sur lequel elles se détachent est un de ces jardins de la Renaissance italienne dont parle Boccace, où de belles dames et de nobles seigneurs s’attardaient à deviser d’amour et de science, loin des soucis et des laideurs du monde. C’est un verger symbolique, d’une extraordinaire richesse de couleur où se mêlent le vert pâle des oliviers au vert plus sombre des vignes, la tache d’or des oranges à la tache rouge des pommes. (Planche XIV.)

De même que pour les vitraux, il serait difficile de préciser la part de William Morris dans chaque tapisserie qui sortit de ses ateliers; nous savons cependant que son rôle, en dehors même de la direction générale, était considérable. Bien qu’il n’ait dessiné lui-même qu’un petit nombre de cartons — on ne connaît guère que ceux du Pivert et du Verger — il ne se bornait pas à une simple besogne de surveillance, étant de ceux qui aiment mieux agir par eux-mêmes que commander aux autres. Burne-Jones qui fournit la plupart des cartons se contentait d’esquisser les personnages; à Morris appartenait le soin de composer la décoration de feuillage servant de fond comme dans les deux tapisseries Flore et Pomone, de dessiner les détails d’architecture, les ornements des costumes, les fleurs dont il aimait à semer