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duire : celui qu’ils adoptèrent devait nécessairement réussir, à une époque où la police était ombrageuse et la population inquiète.

« Si vous parlez de la police à la plupart des habitans de Paris, ils croiront tout ce que vous voudrez bien leur dire, ils flétriront du nom de mouchard tous les individus dont ils ne connaissent pas les moyens d’existence.

« Les domestiques, presque tous doués d’une certaine finesse et d’une grande perspicacité, avaient remarqué cette tendance des esprits, ils l’exploitèrent à leur profit.

« Lorsqu’ils se présentaient pour obtenir une place et qu’on leur demandait l’exhibition de leur livret, ils répondaient : « Monsieur ignore sans doute que tous les porteurs de livret sont vendus à la police ; nous n’avons pas voulu en prendre afin de ne pas être contraints à exercer l’ignoble métier de mouchard.» Si cette réponse eût été seulement celle de quelques individus, ce grossier subterfuge n’aurait trompé personne ; les domestiques sentirent cela, aussi lorsqu’ils se trouvaient avec ceux de leurs camarades possesseurs du livret qu’ils n’avaient pu obtenir, ils disaient : « J’obtenais aujourd’hui une excellente place, si je n’avais pas eu