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fans ; cela est si vrai que je pourrais, si je ne craignais de leur nuire, citer des fils de voleurs de profession qui occupent dans le monde d’assez belles positions, quoique leurs pères mettent toujours la main à la pâte, et ne paraissent pas décidés à quitter de si tôt l’exercice de la profession.

Personne n’est plus superstitieux qu’un voleur de profession, il croit aux songes, aux présages, à l’influence des jours ; il ne volera pas un vendredi, ou si en sortant de chez lui il a rencontré un prêtre, ou s’il a renversé une salière, mais s’il trouve un morceau de fer il sera entreprenant, audacieux. Lorsque je n’étais encore qu’agent secret du service de sûreté, je rencontrai un jour une femme juive, voleuse très-adroite et très-entreprenante, mais qui cependant ne savait pas que j’étais attaché à la police. — Où vas-tu ? lui dis-je en l’abordant. — A Saint-Eustache, faire dire des messes, me répondit-elle ; cela me portera peut-être bonheur ; il y a plus d’un mois que je n’ai pas étrenné (volé).

Si personne n’est plus superstitieux qu’un voleur de profession, personne non plus n’est plus imprévoyant ; il marche toujours sans s’in-