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criminels. Je crois plutôt qu’elles les aguérissent. Le fait suivant est la preuve de ce que j’avance. On avait, en 1811, ordonné la recherche de deux anciens bijoutiers qui étaient signalés comme rogneurs d’écus de six livres, mais la police, qui n’avait pu parvenir à les découvrir, les arrêta tous deux sur la place de Grève, au moment de l’exécution d’un individu nommé Varin, coupable du crime de fabrication de fausse monnaie, ayant chacun sur l’épaule une sacoche pleine d’écus rognés.

J’ai souvent remarqué, au pied de l’échafaud, de ces hommes qui sont porteurs de physionomies que l’on ne rencontre que dans les bouges de la Cité, et qui, semblables aux bêtes fauves, ne sortent de leurs tanières que la nuit. Si l’on croit que la guillotine est, pour ces hommes, un épouvantail salutaire, on se trompe grandement. Ils viennent sur la place publique se repaître d’un spectacle qu’ils aiment, et se familiariser avec la destinée qui les attend peut-être. Semblables aux papillons qui tournent long-temps autour de la chandelle avant de venir s’y brûler les ailes, ils tournent long-temps autour de l’échafaud avant d’y apporter leur tête.