Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/120

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existence. Ces gens-là viennent des campagnes de la Moldavie, où cent cinquante mille des leurs végètent, comme les Juifs de Pologne, sans pouvoir occuper d’autre office que celui de bourreau. Leur nom change avec les contrées qu’ils parcourent : ce sont les Ziguiners de l’Allemagne, les Gypsies de l’Angleterre, les Zingari de l’Italie, les Gitanos de l’Espagne, les Bohémiens de la France et de la Belgique ; ils courent ainsi toute l’Europe, exerçant les métiers les plus abjects ou les plus dangereux. On les voit tondre les chiens, dire la bonne aventure, raccommoder la faïence, étamer le cuivre, faire une musique détestable à la porte des tavernes, spéculer sur les peaux de lapin, et changer les pièces de monnaie étrangère qui se trouvent détournées de leur circulation habituelle.

» Ils vendent aussi des spécifiques contre les maladies des bestiaux, et pour activer le débit, ils envoient à l’avance dans les fermes des affidés qui, sous prétexte de faire des achats, s’introduisent dans les étables, et jettent dans la mangeoire des drogues qui rendent les animaux malades. Ils se présentent alors ; on les reçoit à bras ouverts : connaissant la nature du