intrigues de prison ; mais, étranger à toutes ces menées, occupé à me divertir à la cantine avec les amis qui venaient me visiter, je m’occupais assez peu de ce qu’on faisait ou de ce qu’on ne faisait pas à l’Œil de Bœuf.
Au bout de huit jours, on me remercia de mon obligeance, en m’annonçant que le Mémoire était achevé, et qu’on avait l’espoir bien fondé d’obtenir la grâce du pétitionnaire, sans envoyer les pièces à Paris, attendu qu’on se ménageait de puissantes protections auprès du représentant du peuple en mission à Lille. Tout cela ne me paraissait pas fort clair, mais je n’y fis pas grande attention, en songeant que, n’étant pour rien dans l’affaire, je n’avais aucune raison de m’en inquiéter ; elle prenait cependant une tournure qui eût dû triompher de mon insouciance : quarante-huit heures s’étaient à peine écoulées depuis l’achèvement du Mémoire, que deux frères de Boitel, arrivés tout exprès du pays, vinrent dîner avec lui à la table du concierge. À la fin du repas, une ordonnance arrive et remet un paquet au concierge, qui l’ouvre et s’écrie : « Bonne nouvelle, ma foi !… c’est l’ordre de mise en liberté de Boitel. » À ces mots, on se lève en tumulte, on s’embrasse, on examine l’ordre, on