Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/139

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bien faire un jour de sa viande, de la chair à saucisses. Malgré le secret effroi que m’inspira d’abord cet homme, j’aimais à le questionner sur l’étrange profession qu’il avait embrassée, et ce qui m’engageait à frayer plus particulièrement avec lui, c’est que j’espérais toujours des moyens d’évasion. Par le même motif, je m’étais lié avec plusieurs individus arrêtés comme faisant partie d’une bande de quarante à cinquante chauffeurs, qui couraient les campagnes voisines, sous les ordres du fameux Sallambier ; c’étaient les nommés Chopine dit Nantais, Louis (de Douai), Duhamel dit le Lillois, Auguste Poissard dit le Provençal, Caron le jeune, Caron le Bossu, et Bruxellois dit l’Intrépide, surnom qu’il mérita depuis par un trait de courage tel qu’on n’en voit pas souvent dans les bulletins.

Au moment de s’introduire dans une ferme avec six de ses camarades, il passe la main gauche dans une ouverture faite au volet, pour détacher la clavette, mais lorsqu’il veut se retirer, il sent son poignet pris dans un nœud coulant… Éveillés par quelque bruit, les habitants de la ferme lui avaient tendu ce piège : trop faibles, toutefois, pour faire une sortie contre une bande