Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/170

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parti, et suivre le concierge, qui me faisait donner au diable avec ses félicitations. Ce contretemps m’affectait même à un tel point, que tous les détenus s’en aperçurent. Un d’eux étant parvenu à m’arracher le secret de ma consternation, me fit des observations fort justes sur le danger que je courais en fuyant avec des hommes tels que Sallambier et Duhamel, qui ne resteraient peut-être pas vingt-quatre heures sans commettre un assassinat. Il m’engagea en même temps à les laisser partir et à attendre qu’une autre occasion se présentât. Je suivis ce conseil, et m’en trouvai bien ; je poussai même la précaution jusqu’à faire dire à Duhamel et à Sallambier, qu’on les soupçonnait, qu’ils n’avaient pas un moment à perdre pour se sauver. Ils prirent l’avis au pied de la lettre, et deux heures après ils étaient allés rejoindre une bande de quarante-sept chauffeurs, dont vingt-huit furent exécutés le mois suivant à Bruges.

L’évasion de Duhamel et de Sallambier fit grand bruit dans la prison et même dans la ville. On en trouvait les circonstances tout à fait extraordinaires ; mais ce que le concierge y voyait de plus surprenant, c’est que je n’eusse pas été de la partie. Il fallut cependant réparer