Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/179

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alors le couteau à Desfosseux, et il s’occupait avec avidité à s’ouvrir un passage jusqu’à mon cachot, quand nous éprouvâmes la même avanie que mon prédécesseur. Le concierge, ayant eu vent de quelque chose, nous changea de domicile, et nous plaça tous les trois dans un cachot donnant sur la Scarpe ; nous y étions enchaînés ensemble, de telle manière que le moindre mouvement de l’un se communiquait aussitôt aux deux autres : supplice affreux quand il se prolonge, puisqu’il en résulte une privation absolue de sommeil. Au bout de deux jours, Desfosseux nous voyant accablés, se décida à user d’un moyen qu’il n’employait que dans les grandes occasions, et qu’il avait même l’habitude de réserver pour les travaux préparatoires de l’évasion.

Comme un grand nombre de forçats, il portait toujours dans l’anus un étui rempli de scies : muni de ces outils, il se mit à la besogne, et en moins de trois heures nous vîmes tomber nos fers, que nous jetâmes par la croisée dans la rivière. Le concierge étant venu voir un instant après si nous étions tranquilles, faillit tomber à la renverse en nous trouvant sans fers. Il nous demanda ce que nous en avions fait ;