Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/190

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pratiqué sous la tour de la ville. Nous étions là cinq détenus, dont un déserteur, condamné à mort, et qui ne parlait que de se suicider ; je lui dis qu’il ne s’agissait pas de cela, et qu’il fallait plutôt chercher les moyens de sortir de cet épouvantable cachot, où les rats, courant comme les lapins dans une garenne, venaient manger notre pain, et nous mordaient la figure pendant notre sommeil. Avec une baïonnette escamotée à l’un des gardes nationaux soldés qui faisaient le service de la prison, nous commençâmes un trou à la muraille, dans une direction où nous entendions un cordonnier battre la semelle. En dix jours et autant de nuits, nous avions déjà six pieds de profondeur ; le bruit du cordonnier semblait s’approcher. Le onzième jour, au matin, en retirant une brique, j’aperçus le jour ; c’était celui d’une croisée donnant sur la rue, et éclairant une pièce contiguë à notre cachot, où le concierge mettait ses lapins.

Cette découverte nous donna de nouvelles forces, et la visite du soir terminée, nous retirâmes du trou toutes les briques déjà détachées ; il y en avait peut-être deux voitures, attendu l’épaisseur du mur. On les plaça derrière la porte du cachot, qui s’ouvrait en dedans, de