Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/192

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ques, et nous sommes cernés. Des deux côtés on nous crie de déblayer la porte et de nous rendre, sans quoi l’on va tirer sur nous. Retranchés derrière les matériaux, nous répondons que le premier qui entrera sera assommé à coups de briques et de fers. Tant d’exaspération étonne les autorités ; on nous laisse quelques heures pour la calmer. À midi, un officier municipal reparaît au guichet, qui n’avait pas cessé d’être gardé comme le trou, et nous offre une amnistie. Elle est acceptée ; mais à peine avons-nous enlevé nos chevaux de frise, qu’on tombe sur nous à coups de crosse, à coups de plats de sabre et de trousseaux de clefs ; il n’est pas jusqu’au dogue du concierge qui ne se mette de la partie. Il me saute aux reins, et dans un instant je suis couvert de morsures. On nous traîne ainsi dans la cour, où un peloton de quinze hommes nous tient couchés en joue, pendant qu’on rive nos fers. L’opération terminée, on me jette dans un cachot encore plus affreux que celui que je quittais ; et ce n’est que le lendemain, que l’infirmier Dutilleul (aujourd’hui gardien à l’hospice de Saint-Mandé) vint panser les morsures et les contusions dont j’étais couvert.

J’étais à peine remis de cette secousse, lors-