Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/231

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au cachot, sans qu’on nous fît toutefois éprouver aucun mauvais traitement.

Cette tentative, la plus hardie dont la maison eût été depuis longtemps le théâtre, avait jeté une telle confusion parmi les surveillants, qu’on fut deux jours à s’apercevoir qu’il manquait un détenu du Fort-Mahon : c’était Desfosseux. Connaissant toute son adresse, je le croyais bien loin, quand, le troisième jour au matin, je le vis entrer dans mon cachot, pâle, défait, et tout sanglant. Lorsque la porte eut été refermée sur lui, il me raconta toute son aventure.

Au moment où la garde nous avait saisis, il s’était blotti dans une espèce de cuve servant probablement aux douches ou aux bains ; n’entendant plus de bruit, il était sorti de sa retraite, et la perche l’avait aidé à franchir plusieurs murs, mais il se trouvait toujours dans les cours des fous ; cependant le jour allait poindre, il entendait déjà aller et venir dans les bâtiments, car on n’est nulle part aussi matineux que dans les hospices. Il fallait se soustraire aux regards des employés, qui ne pouvaient tarder à circuler dans les cours ; le guichet d’une loge était entr’ouvert : il s’y glisse, et veut même, par excès de précaution, se fourrer dans un grand tas de