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Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/243

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cier d’état-major Simon, et un voleur nommé le Petit Matelot, qu’on accusait, ou d’avoir trahi leurs camarades par des révélations, ou d’avoir fait manquer quelque complot de prison. Celui qui les signalait à la vengeance des forçats était un jeune homme dont la rencontre eût été une bonne fortune pour un peintre ou pour un acteur. Avec de mauvaises pantoufles vertes, une veste de chasse veuve de ses boutons, et un pantalon de nankin, qui semblait défier les intempéries de la saison, il portait pour coiffure une casquette sans visière, dont les trous laissaient passer le coin d’un vieux madras. On ne l’appelait à Bicêtre que Mademoiselle : j’appris que c’était un de ces misérables qui, livrés à Paris à une prostitution infâme, trouvent au bagne un théâtre digne de leurs dégoûtantes voluptés. Les argousins, accourus d’abord au bruit, ne se donnèrent pas le moindre mouvement pour arracher le Petit Matelot des mains des forçats ; aussi mourut-il quatre jours après le départ, des coups qu’il avait reçus. Lemière et Simon eussent également péri sans mon intervention : j’avais connu le premier dans l’Armée roulante, où il m’avait rendu quelques services. Je déclarai que c’était lui qui m’avait fourni les instruments né-