Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/260

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Aujourd’hui même, les évasions sont beaucoup plus communes à la Nouvelle-Galles, qu’on ne devrait le croire. On en trouve la preuve dans ce passage d’une Relation publiée à Londres par un déporté libéré, qui, sans s’embarrasser de compromettre la réputation de l’établissement, s’était fait bientôt arrêter pour de nouveaux méfaits.

« Lorsque le terme de mon exil fut venu, et que je me déterminai à quitter la colonie, je m’embarquai comme domestique, au service d’un gentleman et d’une lady, anciens déportés, qui avaient amassé de quoi défrayer leur retour en Angleterre, et s’y établir. On croirait que je devais avoir l’ame satisfaite et tranquille. Point du tout ; jamais je ne me suis vu plus chagrin, plus tourmenté que du moment où je m’embarquai sur ce bâtiment. Voici pourquoi : j’avais clandestinement amené avec moi six condamnés de mes camarades, et je les avais cachés à fond de cale. C’étaient des hommes pour lesquels j’avais une estime particulière ; et il est du devoir d’un déporté qui quitte cette terre d’exil, de n’y jamais laisser un ami, s’il a le moyen de l’en faire sortir. Ce qui troublait