min de traverse qui devait joindre la grande route de cette ville ; je m’y enfonçai aussitôt, tremblant à chaque instant de rencontrer quelques militaires de l’armée d’Angleterre, qui était cantonnée dans les villages depuis Nantes jusqu’à Brest. Vers dix heures du matin, arrivant dans une petite commune, je m’informai s’il ne s’y trouvait pas de soldats, en témoignant la crainte, bien réelle, qu’il ne voulussent me houspiller, ce qui devait me faire découvrir. La personne à laquelle je demandai ces renseignements était un sacristain bavard et fort communicatif, qui me força d’entrer, pour me rafraîchir, au presbytère, dont je voyais à deux pas les murs blanchis et les contrevents verts.
Le curé, homme âgé, dont la figure respirait la bonhomie, me reçut avec bonté : « Ma chère sœur, me dit-il, j’allais célébrer la messe ; dès qu’elle sera dite, vous déjeunerez avec nous. » Il fallut donc aller à l’église, et ce ne fut pas un petit embarras pour moi que de faire les signes et les génuflexions prescrits à une religieuse ; heureusement la vieille servante du curé se trouvait à mes côtés ;