Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/327

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parent qui choisissait si bien son temps pour faire ses visites. On partit enfin. après avoir soigneusement enfermé toute la société, sans que les domestiques, déjà couchés depuis longtemps, se fussent même doutés de l’invasion du château.

» Je pris part encore à plusieurs autres coups de main qui présentèrent plus de difficultés que celui que je viens de te raconter. Nous éprouvions de la résistance, ou bien les propriétaires avaient enfoui leur argent, et pour le leur faire livrer, on leur faisait endurer les traitements les plus barbares. Dans le principe, on s’était borné à leur brûler la plante des pieds avec des pelles rougies au feu ; mais, adoptant des modes plus expéditifs, on en vint à arracher les ongles aux entêtés, et à les gonfler comme des ballons avec un soufflet. Quelques-uns de ces malheureux, n’ayant réellement pas l’argent qu’on leur supposait, périssaient au milieu des tortures. Voilà, mon ami. dans quelle carrière était entré un officier bien né, que douze ans de bons services, quelques actions d’éclat, et le témoignage de ses camarades, entouraient d’une estime qu’il cessait de mériter depuis longtemps,