Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/342

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avaient été enlevés de vive force ou à la faveur de l’ivresse ; on avait séduit les autres en leur promettant un passage gratuit pour Batavia, où ils devaient exercer leur industrie : de ce nombre étaient deux Français, l’un teneur de livres, bourguignon ; l’autre jardinier, limousin, qui devaient faire, comme on voit, d’excellents matelots. Pour nous consoler, les hommes de l’équipage nous disaient que dans la crainte des désertions, nous ne descendrions peut-être pas à terre avant six mois, ce qui s’est au surplus pratiqué quelquefois dans la marine anglaise, où le matelot peut rester des années entières sans voir la terre natale, autrement que des perroquets de son vaisseau ; des hommes sûrs font le service des canotiers, et l’on y a vu même employer des gens étrangers à l’équipage. Pour adoucir ce que cette consigne a de rigoureux, on laisse venir à bord, quelques-unes de ces femmes de mauvaise vie qui pullulent dans les ports de mer, et qu’on t appelle, je ne sais à quel propos, les filles de la reine Caroline (Queen’s Caroline daughters). Les marins anglais dont j’ai tenu plus tard ces détails, qu’on ne doit pas considérer comme d’une exactitude générale, ajoutaient que, pour déguiser en partie