(aujourd’hui le Frontin), servant de bagne flottant. Après que les payots (forçats qui remplissent les fonctions d’écrivains) eurent pris nos signalements, on choisit les chevaux de retour (forçats évadés), pour les mettre à la double chaîne. Leur évasion prolongeait leur peine de trois ans.
Comme je me trouvais dans ce cas, on me fit passer à la salle n° 3, où étaient placés les condamnés les plus suspects. Dans la crainte qu’il ne trouvassent l’occasion de s’échapper en parcourant le port, on ne les conduisait jamais à la fatigue. Toujours attachés au banc, couchés sur la planche nue, rongés par la vermine, exténués par les mauvais traitements, le défaut de nourriture et d’exercice, ils offraient un spectacle déplorable.
Ce que j’ai dit des abus de toute espèce dont le bagne de Brest était le théâtre me dispense de signaler ceux que j’ai pu observer à Toulon. C’était la même confusion des condamnés, la même brutalité chez les argousins, la même dilapidation des objets appartenant à l’État ; seulement l’importance des armements présentait plus d’occasions de vol aux forçats qu’on employait dans les arsenaux ou dans les magasins.