Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/425

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

difficulté de retourner dans leurs familles, les avaient promptement déterminés.

Dès le lendemain de mon arrivée, Roman me désigna avec six hommes pour me porter aux environs de Saint-Maximin ; j’ignorais de quoi il s’agissait.

Vers minuit, parvenus sur la lisière d’un petit bois que partageait la route, nous nous embusquons dans un ravin. Le lieutenant de Roman, Bisson de Tretz, recommande le plus profond silence. Bientôt le bruit d’une voiture se fait entendre : elle passe devant nous ; Bisson lève la tête avec précaution : « C’est la diligence de Nice, dit-il… mais il n’y a rien à faire… elle porte plus de dragons que de ballots. » Il donna alors l’ordre de la retraite, et nous regagnâmes la bastide, où Roman irrité de nous voir revenir les mains vides, s’écria en jurant : « Eh bien ! elle paiera demain ! »

Il n’y avait plus moyen de me faire illusion sur l’association dont je faisais partie : décidément j’étais parmi ces voleurs de grand chemin qui répandaient l’effroi dans toute la Provence. Si je venais à être pris, ma qualité de forçat évadé ne me laissait pas même l’espoir d’un pardon qu’on pouvait encore accorder à quelques-uns