les soupçons tombassent sur moi. Il m’accusait formellement, et toute la troupe faisait chorus ; en vain je protestai de mon innocence, il fut décidé que l’on me fouillerait. Je m’étais couché avec mes vêtements ; on commença à me déshabiller. Quel ne fut pas l’étonnement des bandits en découvrant sur ma chemise… la marque des galères !
« Un forçat !… s’écria Roman, un forçat parmi nous… ce ne peut être qu’un espion… Qu’on le sable[1] ; ou qu’on le fusille… ce sera plus tôt fait. »
J’entendis armer les fusils…
— Un instant ! commanda le chef ; il faut auparavant qu’il rende l’argent…
— Oui, lui dis-je, l’argent sera rendu ; mais il est indispensable que vous m’accordiez un entretien particulier. » Roman consentit à m’entendre. On croyait que j’allais faire des aveux ; mais quand je fus seul avec lui, j’affirmai de nouveau que je n’étais pas le coupable, et je lui indiquai pour le découvrir un expédient
- ↑ En Angleterre, on assomme avec des sacs de sable… ; en Provence, on substitue aux sacs une peau d’anguille, dont un seul coup appliqué entre les deux épaules, suffit pour détacher les poumons, et par conséquent pour donner la mort.