Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/43

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il hésite, et finit par déclarer qu’il courra les chances du jugement plutôt que de se casser les jambes. Il se dispose à regagner son cachot ; mais au moment où il s’y attend le moins, nous le précipitons ; il pousse un cri, je lui recommande de se taire, et je rentre dans mon souterrain, où, sur ma paille, je goûtai le repos que procure la conscience d’une bonne action. Le lendemain, on m’interrogea, et j’en fus quitte pour répondre que je n’avais rien vu. Plusieurs années après, j’ai rencontré ce malheureux, il me regardait comme son libérateur. Depuis sa chute, il était boiteux, mais il était devenu honnête homme.

Je ne pouvais rester éternellement à Arras : la guerre venait d’être déclarée à l’Autriche, je partis avec le régiment, et bientôt après j’assistai à cette déroute de Marquain, qui se termina à Lille par le massacre du brave et infortuné général Dillon. Après cet événement, nous fûmes dirigés sur le camp de Maulde, et ensuite sur celui de la Lune, où, avec l’armée infernale, sous les ordres de Kellermann, je pris part à l’engagement du 20 octobre, contre les Prussiens. Le lendemain je passai caporal de grenadiers : il s’a-