Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/49

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m’avait mis la montre au côté, et j’étais tout fier de me parer de quelques précieux bijoux, gages du sentiment que je lui inspirais, lorsque j’appris que, sur la dénonciation de son maître, Manon allait être traduite pour vol domestique. Manon confessait son crime, mais en même temps, pour être bien certaine qu’après sa condamnation, je ne passerais pas dans les bras d’une autre, elle me désignait comme son complice : il y avait de la vraisemblance ; je fus impliqué dans l’accusation, et j’aurais été assez embarrassé de me tirer de ce mauvais pas, si le hasard ne m’eût fait retrouver quelques lettres desquelles résultait la preuve de mon innocence. Manon confondue se rétracta. J’avais été enfermé dans la maison d’arrêt de Stenay, je fus élargi et renvoyé blanc comme neige. Mon capitaine, qui ne m’avait jamais cru coupable, fut très content de me revoir, mais les chasseurs ne me pardonnèrent pas d’avoir été soupçonné : en butte à des allusions et à des propos, je n’eus pas moins de dix duels en six jours. À la fin, blessé grièvement, je fus transporté à l’hôpital, où je restai plus d’un mois avant de me rétablir. À ma sortie, mes chefs, convaincus que les querelles ne manqueraient