Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/63

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Dès lors on n’entendit plus de tambours à Saint-Silvestre-Capelle, que lorsqu’il y passait des détachements, et tout le monde vécut en paix, excepté moi, que la vieille commençait à menacer de ses redoutables faveurs. Cette passion malheureuse amena une scène que l’on doit se rappeler encore dans le pays, où elle fit beaucoup de bruit.

C’était la fête du village : on chante, on danse, on boit surtout, et pour ma part je me conditionne si proprement, qu’on est obligé de me porter dans mon lit. Le lendemain je m’éveille avant le jour. Comme à la suite de toutes les orgies, j’avais la tête lourde, la bouche pâteuse et l’estomac irrité. Je veux boire, et tout en me levant sur mon séant, je sens une main froide comme la corde d’un puits se porter à mon cou : la tête encore affaiblie par les excès de la veille, je jette un cri de Diable. Le maire, qui couchait dans une chambre voisine, accourt avec son frère et un vieux domestique, tous deux armés de bâtons. César n’était pas rentré ; déjà la réflexion m’avait démontré que le visiteur nocturne ne pouvait être autre que Sixca : feignant toutefois d’être effrayé, je dis à l’assistance que quelque farfadet s’était placé à mes côtés, et venait de se