Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/70

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cependant qu’elle me trompait. Je m’aperçois enfin qu’elle jetait souvent les yeux vers certain cabinet de garde-robe : je feins de vouloir l’ouvrir, ma chaste fiancée s’y oppose en me donnant un de ces prétextes que les femmes ont toujours à leur disposition ; mais j’insiste, et je finis par ouvrir le cabinet, où je trouve caché sous un tas de linge sale un médecin qui m’avait donné des soins pendant ma convalescence. Il était vieux, laid et malpropre : le premier sentiment fut à l’humiliation d’avoir un pareil rival ; peut-être eussé-je été plus furieux de trouver un beau-fils : je laisse le cas à la décision des nombreux amateurs qui se sont trouvés à pareille fête ; pour moi je voulais commencer par assommer mon Esculape à bonnes fortunes, mais, ce qui m’arrivait assez rarement, la réflexion me retint. Nous étions dans une place de guerre, on pouvait me chicaner sur mon permis de séjour, me faire quelque mauvais parti ; Delphine, après tout, n’était pas ma femme, je n’avais sur elle aucun droit ; je pris toutefois celui de la mettre à la porte à grands coups de pied dans le derrière, après quoi je lui jetai par la fenêtre ses nippes et quelque monnaie pour se rendre à Gand. Je m’allouai ainsi le reste de