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un mois s’écoule, personne encore. Les espèces baissaient singulièrement chez moi ; je prends le parti de regagner Bruxelles, où j’espérais trouver plus facilement les moyens de sortir d’embarras. Pour parler avec la franchise que je me pique d’apporter dans cette histoire de ma vie, je dois déclarer que je commençais à n’être pas excessivement difficile sur le choix de ces moyens ; mon éducation ne devait pas m’avoir rendu homme à grands scrupules, et la détestable société de garnison que je fréquentais depuis mon enfance, eût corrompu le plus heureux naturel.

Ce fut donc sans faire grande violence à ma délicatesse, que je me vis installé, à Bruxelles, chez une femme galante de ma connaissance, qui, après avoir été entretenue par le général Van-der-Nott, était à peu près tombée dans le domaine public. Oisif comme tous ceux qui sont jetés dans cette existence précaire, je passais les journées entières au Café Turc et au Café de la Monnaie, où se réunissaient de préférence les chevaliers d’industrie et les joueurs de profession ; ces gens-là faisaient de la dépense, jouaient un jeu d’enfer ; et comme ils n’avaient aucune ressource connue, je ne re-