darmes ; on m’accorda ce que je réclamais, et moyennant quelques couronnes, mon escorte consentit à ce que la pauvre Émilie m’accompagnât.
Être sorti de Bruxelles, c’était fort bien, mais il était encore plus important de ne pas arriver à Lille, où je devais être inévitablement reconnu déserteur. Il fallait s’évader à tout prix, et ce fut l’avis d’Émilie, à laquelle je communiquai mon projet, que nous exécutâmes en arrivant à Tournai. Je dis aux gendarmes que devant nous quitter le lendemain en arrivant à Lille, où je devais être mis sur-le-champ en liberté, je voulais leur faire mes adieux par un bon souper. Déjà charmés de mes manières libérales et de ma gaieté, ils acceptèrent de grand cœur, et le soir, pendant que, couchés sur la table, ivres de bière et de rhum, ils me croyaient dans le même état, je descendais avec mes draps par la fenêtre d’un second étage ; Émilie me suivait, et nous nous enfoncions dans des chemins de traverse, où l’on ne devait pas même songer à venir nous chercher. Nous gagnâmes ainsi le faubourg Notre-Dame, à Lille, où je me revêtis d’une capote d’uniforme de chasseurs à cheval, en prenant la précaution de