Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/123

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on dit le coup de bas ; il n’y avait plus moyen d’y résister. Je me présente à la réforme, je suis admis ; il ne s’agissait plus que de passer l’inspection du général ; c’était ce gueusard de Sarrazin ; il vint à moi : – Je parie qu’il est encore poitrinaire, celui-là ; n’est-ce pas que tu es poitrinaire ? – Phtisique du second degré, répond le major. – C’est ça, je m’en doutais : je le disais, ils le seront tous, épaules rapprochées, poitrine étroite, taille effilée, visage émacié. Voyons tes jambes ; il y a quatre campagnes là-dedans, continua le général, en me frappant sur le mollet : maintenant que veux-tu ? ton congé ? tu ne l’auras pas. D’ailleurs, ajouta-t-il, il n’y a de mort que celui qui s’arrête : va ton train… À un autre… – Je voulus parler… – À un autre, répéta le général, et tais-toi.

» L’inspection terminée, j’allai me jeter sur le lit de camp. Pendant que j’étais étendu sur la plume de cinq pieds, réfléchissant à la dureté du général, il me vint à la pensée que peut-être, je le trouverais plus traitable, si je lui étais recommandé par un de ses confrères. Mon père avait été lié avec le général Legrand ; ce dernier était au camp d’Ambleteuse ; je