Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/170

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gaieté bruyante, les assistants se rapprochèrent, je les vis se baisser. Poussé par un sentiment de curiosité, je me dirigeai vers eux, et j’arrivai fort à propos pour les aider à retirer d’un trou pratiqué pour l’écoulement d’une auge à pourceaux, le pauvre diable dont la disparition subite m’avait frappé d’étonnement. Il était presque asphyxié, et tout couvert de fange des pieds à la tête ; le grand air lui rendit assez vite l’usage de ses sens, mais il n’osait respirer, il craignait d’ouvrir la bouche et les yeux, tant le liquide dans lequel il avait été plongé était infect. Dans cette fâcheuse situation, les premières paroles qu’il entendit furent des plaisanteries : je me sentis révolté de ce manque de générosité, et cédant à ma trop juste indignation, je lançai à l’antagoniste de la victime ce coup d’œil provocateur qui, de soldat à soldat, n’a pas besoin d’être interprété – Il suffit, me dit-il, je t’attends de pied ferme. – À peine suis-je en garde, que sur ce bras qui oppose un fleuret à celui que j’ai ramassé, je remarque un tatouage qu’il me semble reconnaître : c’était la figure d’une ancre dont la branche était entourée des replis d’un serpent. – Je vois la queue, m’écriai-je, gare à la tête ; –