Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/176

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un matelot qui était dans les hunes ; le mât avec lequel il fut emporté jusque dans la nue, retomba perpendiculairement dans la vase du bassin, qui était à sec, et s’y planta à une profondeur de plus de dix pieds. On trouva le matelot vivant ; mais dès ce moment il eut perdu l’ouïe et la parole, qu’il ne recouvra jamais.

À Boulogne, on fut surpris de la coïncidence de ces événements. Des médecins prétendirent que cette simultanéité de suicides avait été déterminée par une disposition résultant d’un état particulier de l’atmosphère. Ils invoquaient à l’appui de leur opinion une observation faite à Vienne en Autriche, où, l’été précédent, grand nombre de jeunes filles, entraînées comme par une sorte de frénésie, s’étaient suicidées le même jour.

Quelques personnes croyaient expliquer ce qu’il y avait d’extraordinaire dans cette circonstance, en disant que rarement un suicide, quand il est ébruité, n’est pas accompagné de deux ou trois autres. En résumé, le public sut d’autant moins à quoi s’en tenir, que la police, qui craignait de laisser apercevoir tout ce qui pouvait caractériser l’opposition au régime impérial, faisait, à dessein, circuler les bruits les