Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/179

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je la pousse, et de l’entrée, mes regards sont frappés des faibles reflets d’une lumière qui se projette entre deux hautes rangées de caisses à cartouches. J’enfile précipitamment cette espèce de corridor ; parvenu à l’extrémité, je vois… une lampe allumée sous une des caisses qui débordait les autres, la flamme touche au sapin, et déjà se répand une odeur de résine. Il n’y a pas un instant à perdre : sans hésiter je renverse la lampe, je retourne la caisse, et avec mon urine j’éteins les restes de l’incendie. L’obscurité la plus complète me garantissait que j’avais coupé court à l’embrasement. Mais je ne fus pas sans inquiétude tant que l’odeur ne se fut pas entièrement dissipée.

J’attendis ce moment pour me retirer. Quel était l’incendiaire ? je l’ignorais, seulement il s’élevait de fortes présomptions dans mon esprit : je soupçonnais le garde-magasin, et afin de connaître la vérité, je me rendis sur-le-champ à son domicile. Sa femme y était seule : elle me dit que, retenu à Boulogne pour des affaires, il y avait couché, et qu’il rentrerait le lendemain matin. Je demandai les clefs de la poudrière : il les avait emportées. L’enlèvement des clefs acheva de me convaincre qu’il était coupable. Toutefois, avant de faire