Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/182

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eût tardé d’autant moins à être reconnu pour un chevalier d’industrie, qu’il n’avait, pour ainsi dire, reçu aucune éducation ; mais, dans une cité où la bourgeoisie, de création toute récente, n’avait pu encore adopter de la bonne compagnie que le costume, il lui était facile d’en imposer.

Fessard était le véritable nom du maréchal des logis-chef, que l’on ne connaissait dans le bagne que sous celui d’Hippolyte ; il était, je crois, de la basse Normandie : avec tous les dehors de la franchise, une physionomie ouverte et l’air évaporé d’un jeune étourdi, il avait ce caractère cauteleux que la médisance attribue aux habitants de Domfront ; c’était, en un mot, un garçon retors, et pourvu de toutes les rubriques propres à inspirer de la confiance. Un pouce de terre dans son pays lui aurait fourni l’occasion de mille procès, et serait devenu son point de départ pour arriver à la fortune en ruinant le voisin ; mais Hippolyte ne possédait rien au monde ; et, ne pouvant se faire plaideur, il s’était fait escroc, puis faussaire, puis… on va voir ; je n’anticiperai pas sur les événements.

Chaque fois que je venais en ville, Hippolyte me payait à dîner. Un jour, entre la poire et le