Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/21

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et lorsque je m’éveillai, la voiture était partie depuis plus de deux heures ; j’espérais la rejoindre à la faveur des inégalités de la route, qui est très montueuse dans ces cantons ; mais, en approchant de Saint-Brice, je pus me convaincre qu’elle avait trop d’avance sur moi pour qu’il me fût possible de la rattraper ; je ralentis alors le pas. Un individu qui cheminait dans la même direction, me voyant tout en nage, me regarda avec attention, et me demanda si je venais de Lucy-le-Bois ; je lui dis qu’effectivement j’en venais, et la conversation en resta là. Cet homme s’arrêta à Saint-Brice, tandis que je poussais jusqu’à Auxerre. Excédé de fatigue, j’entrai dans une auberge, où après avoir dîné, je m’empressai de demander un lit.

Je dormais depuis quelques heures, lorsque je fus réveillé par un grand bruit qui se faisait à ma porte. On frappait à coups redoublés ; je me lève demi-habillé ; j’ouvre, et mes yeux encore troublés par le sommeil entrevoient des écharpes tricolores, des culottes jaunes et des parements rouges. C’est le commissaire de police flanqué d’un maréchal-des-logis et de deux gendarmes ; à cet aspect, je ne suis pas maître d’une première émotion : « Voyez comme il pâlit, dit-on à mes