Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/227

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lorsque dans la rue du Petit-Carreau, je me trouvai nez à nez avec elle ; impossible de l’éviter, elle m’avait reconnu. Je lui parlai donc, et, sans lui rappeler ses torts à mon égard, comme le délabrement de sa toilette me montrait de reste qu’elle n’était pas des plus heureuses, je lui donnai quelque argent. Peut-être imagina-t-elle alors que c’était là une générosité intéressée, cependant il n’en était rien, il ne m’était pas même venu à la pensée que l’ex-dame Vidocq pût me dénoncer. À la vérité en me remémorant plus tard nos anciens démêlés, je jugeai que mon cœur m’avait tout à fait conseillé dans le sens de la prudence ; je m’applaudis alors de ce que j’avais fait, et il me parut très convenable que cette femme, dans sa détresse, pût compter sur moi pour quelques secours ; détenu ou éloigné de Paris, je n’étais plus à même de soulager sa misère. Ce devait être pour elle une considération qui devait la déterminer à garder le silence, je le crus du moins ; on verra plus tard si je m’étais trompé.

L’entretien de mon ex-femme était une charge à laquelle je m’étais résigné, mais cette charge, je n’en connaissais pas tout le poids. Une quinzaine s’était écoulée depuis notre entre vue ; un