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Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/277

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de voleurs exploitaient alors la capitale, et il m’aurait été impossible de fournir la plus mince indication sur les principaux d’entre eux ; il n’y avait que ma vieille renommée qui pût me mettre à même d’avoir des intelligences dans l’état-major de ces Bédouins de notre civilisation ; elle me servit, je ne dirai pas au-delà, mais autant que je pouvais le désirer. Il n’arrivait pas un voleur à la Force qu’il ne s’empressât de rechercher ma compagnie ; ne m’eût-il jamais vu, pour se donner du relief aux yeux des camarades, il tenait à amour-propre de paraître avoir été lié avec moi. Je caressais cette singulière vanité ; par ce moyen, je me glissai insensiblement sur la voie des découvertes ; les renseignements me vinrent en abondance, et je n’éprouvai plus d’obstacles à m’acquitter de ma mission.

Pour donner la mesure de l’influence que j’exerçais sur l’esprit des prisonniers, il me suffira de dire que je leur inoculais à volonté mes opinions, mes affections, mes ressentiments ; ils ne pensaient et ne juraient que par moi : leur arrivait-il de prendre en grippe un de nos codétenus, parce qu’ils croyaient voir en lui ce qu’on appelle un mouton, je n’avais qu’à répondre